5 choses qui ont changé pour l'emploi des personnes en situation de handicap
En novembre 2020, le gouvernement a annoncé la mise en place de nouvelles mesures pour faciliter l’inclusion des personnes en situation de handicap sur le marché de l’emploi. Antoine Benoist, Directeur Conseil Associé au sein d’Avisea, filiale conseil du groupe JobinLive a décrypté pour Monster ces nouveaux dispositifs :
- Rapprochement de Pôle Emploi et Cap Emploi
- Enveloppe de 68 millions € pour transformer les Entreprises Adaptées
- Allocation de 15 millions € pour le développement de «l’Emploi accompagné »
- Aide à l’accès à l’apprentissage
- Prise en compte du handicap dans toutes les certifications professionnelles
1. Pôle emploi et Cap emploi ne font plus qu’un
Crée en 2000, le label Cap emploi visait à proposer un service de placement spécialisé dans l’insertion des travailleurs handicapés. Cette année, les 98 Cap emploi régionaux devraient rejoindre les 930 agences de Pôle emploi. Le but de ce rapprochement ? Établir un lieu unique de conseil et d’accompagnement pour les demandeurs d’emploi en situation de handicap et les employeurs.
L’avis d’Antoine Benoist : « Aligner des acteurs généralistes de l’emploi avec des acteurs spécialisés est pertinent, c’est une démarche d’inclusion cohérente. Mais elle a ses limites car elle nécessite une connaissance de ces publics. Pour les acteurs de Pôle Emploi, l’enjeu sera de faire évoluer leurs pratiques pour accompagner ce public au regard de la diversité des handicaps. Pôle emploi en est conscient et a développé des contenus de formation à destination de ses conseillers. Certaines s’adressent à tous les conseillers. D’autres sont, dans un premier temps, destinés à des volontaires pour être ensuite étendu aux différentes catégories de conseillers. Au sein de ce projet global, Avisea développe pour Pôle emploi un parcours de formation sur l’autisme pour identifier les bonnes pratiques et réfléchir à leur évolution. Ce projet s’appuie d’ailleurs sur des expérimentations développées les années précédentes au sein de Pôle Emploi ».
2. 68 millions d’euros pour la transformation des « Entreprises adaptées »
Dans son plan de relance de 100 milliards d’euros, l’État prévoit d’allouer 68 millions pour les Entreprises adaptées. Créées en 2005, les EA aident les personnes en situation de handicap à accéder à l’emploi dans des conditions adaptées à leurs capacités. Selon l’État, cette enveloppe devrait aider les EA à couvrir 50% des coûts liés à leur développement et doubler ainsi le nombre de salariés en entreprise adaptée.
L’avis d’Antoine Benoist : « Il faut voir comment ces investissements vont être alloués. Si ce plan est réfléchi dans une démarche de professionnalisation des collaborateurs dans les EA ou les ESAT qui vise à terme à développer les filières, rapprocher et favoriser, quand cela est raisonnable et sécuriser l’embauche au sein des entreprises « non-adaptées », cela semble pertinent ».
3. 15 millions € pour développer « l’Emploi accompagné »
Crée en 2016, ce dispositif aide les personnes en situation de handicap à accéder et se maintenir dans l’emploi en milieu ordinaire de travail grâce à un accompagnement médico-social et un soutien à l’insertion professionnelle. Le Plan France Relance souhaite poursuivre l’expérimentation en doublant le budget originellement prévu.
L’avis d’Antoine Benoist : « Évidemment, il est bienvenu de mettre en œuvre des moyens pour accompagner ce public en mêlant le médico-social et des démarches de coaching personnalisés. Mais on entend parler de ce dispositif depuis un moment sans avoir une vision claire de son fonctionnement et de ses résultats ».
4. Faciliter l’accès à l’apprentissage
Pour cela, le gouvernement souhaite harmoniser les « règles de prise en charge des financements nécessaires pour sécuriser leurs parcours au sein des CFA » aux jeunes en situation de handicap.
L’avis d’Antoine Benoist : « Accompagner de façon spécifique des jeunes en situation de handicap dans leur formation est forcément pertinent. Cela peut leur permettre de la prolonger et les préparer à leur futur parcours professionnel. Potentiellement, cela peut aider à faire évoluer des pratiques d’accompagnement (apprentissage, contenu pédagogique, temps d’étude) qui bénéficieront à tous les apprentis, quel que soit leur profil. Tout cela pourrait aussi impliquer une restructuration éventuelle de ces organismes de formation pour pouvoir bien accueillir ces jeunes ».
5. Prendre en compte du handicap dans toutes les certifications professionnelles
À compter du 1er juillet 2021, cette mesure ambitionne de sensibiliser les personnes entourant les travailleurs handicapés à leur situation.
L’avis d’Antoine Benoist : « C’est une démarche positive qui fait bouger les lignes. Pour obtenir la norme Qualiopi, les organismes de formation (écoles, universités, centres de formation, CFA) doivent se conformer à un certain nombre de critères qui font état de la prise en compte du handicap par l’organisme formateur : la visibilité de leurs offres de formation, la présence de référents dédiés, l’évolution de leur contenu pédagogique, l’activation de solutions dès lors qu’une personne fait état d’une situation de handicap (etc.). On constate d’ailleurs que de nombreuses structures et entreprises connaissent ce dispositif et souhaitent identifier les bonnes pratiques envers ces personnes ».
Les limites des nouvelles mesures gouvernementales
« Ces dispositifs sont positifs puisqu’ils visent à penser l’accompagnement des personnes en situation de handicap dans une démarche de « droit commun ». L’objectif est de favoriser la montée en compétence du acteurs généralistes grâce aux acteurs spécialisés et développer l’égalité et l’équité entre tous les citoyens. C’est donc un véritable changement de modèle mais avec des outils pas toujours adaptés et un manque d’explication et de pédagogie. À partir de 2023, la réforme va entrainer le retour aux aides de droit commun pour un nombre de plus en plus croissant de salariés en situation de handicap jusqu’à présent accompagnés par leur entreprise via des missions handicap et des acteurs dédiés. Il est certain aujourd’hui, que les dispositifs et acteurs de l’accompagnement de ces personnes ne sont pas structurés et préparés à répondre aux demandes de demain. Cela constitue un risque non seulement pour les demandeurs d’emploi en situation de handicap mais également pour les salariés en situation de handicap en emploi » avertit Antoine Benoist.
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