Travailler en Belgique et au Luxembourg : ce qu'il faut savoir
Une langue commune ne fait pas tout entre voisins européens. Petit guide pratico-culturel à l’usage du Français - un candidat qui ne s’exporte pas toujours bien – qui cherche à partir travailler en Belgique ou au Luxembourg.
En 2020, quelques 1 775 875 français sont inscrits au registre des Français établis à l’étranger, près de 48% vivent en Europe. Dans le top 5 destination ? La Belgique, notamment. Pourquoi autant de Français partent travailler en Belgique ou encore au Luxembourg ? Et surtout, comment faire ? La francophonie n’est pas exempte de pièges, et, ironie du sort, le premier obstacle que l'on rencontre chez nos voisins est... celui des langues !
Travailler au Luxembourg ou en Belgique : attention au multilinguisme
Le français et l’anglais, loin d’être suffisants
Vous parlez anglais ? C’est bien, mais pas suffisant pour travailler en Belgique ou travailler au Luxembourg. « Le Luxembourg est une terre de brassages linguistiques et démographiques, ce qui implique de l’ouverture d’esprit », pointe Maxime Alexandre, Executive Director de Hays Luxembourg.
Au Grand-Duché où l’on parle quatre ou cinq langues et en Belgique où l’on en parle deux ou trois, la mauvaise réputation de piètre élève en langues étrangères du candidat français le précède.
Nathalie Alhadeff, National Director de Hays Belgique, recherche des profils complexes : « 70 % des postes que j’ai à pourvoir demandent les deux langues nationales, le français et le néerlandais et le niveau d’anglais dépend des métiers. »
Quelle langue pour quel secteur ?
Selon le secteur d’activité, il serait bon de vous informer sur les formalités linguistiques :
- Dans l’IT et l’ingénierie, un bon anglais technique suffit et le néerlandais n’est pas indispensable ;
- En marketing, un anglais parfait est attendu (tout comme en France, d’ailleurs) ;
- En commercial, le néerlandais est indispensable en plus du français et de l’anglais : « Pour un junior, une lacune en néerlandais ferme des portes car il n’a pas développé d’expertise suffisante pour la compenser », précise-t-elle.
Soyez honnête sur votre niveau
Au Luxembourg, ajoutez l’allemand, au moins et, quelle que soit la langue, ne gonflez pas votre niveau, tendance qui entretient ce qu'on reproche au Français : son arrogance.
« Quand un Belge note anglais courant sur son CV, on sait que c’est effectif, on le sait moins pour un Français », poursuit Maxime Alexandre qui tacle d’autant plus facilement qu’il est lui-même Français, et installé au Luxembourg depuis dix ans.
Parler plusieurs langues est un prérequis pour faire le job « mais contribue aussi à l’intégration, le respect passe par l'usage de la langue de l'autre, l'effort est apprécié », pointe Nathalie Alhadeff.
Des modèles managériaux différents en Belgique et au Luxembourg
Des entreprises à taille humaine
Le siège d’Arcelor Mittal, installé à Luxembourg-Ville, compte 6000 personnes. C’est l’entreprise qui a le plus gros effectif du Grand-Duché, suivie de BNP Paribas et de l'enseigne de grande distribution groupe Cactus.
Dans un pays où les structures sont beaucoup plus légères qu’en France, il est plus facile de s’adapter, de conduire le changement, « les styles managériaux sont beaucoup plus variés qu’à Paris, la recherche d’adhésion de la part des collaborateurs l’emporte sur les directives », indique Maxime Alexandre.
Diplomatie et négociation sont de mise
On retrouve ce même sens du consensus et de la négociation en Belgique. « Il n’est pas inné en France et le Français qui, pressé de revenir à Paris, veut mettre les autres au pas quand il arrive est très mal vu au Luxembourg », ajoute-t-il.
Des pays orientés résultats
Travailler au Luxembourg c’est s’adapter à un management orienté résultat, arriver avant le patron et partir après lui n’influence donc pas la perception qu’on a de vous. L’influence allemande apporte une grande organisation et une grande rigueur, au point que vous devez revoir votre conception française de ces notions.
Ce n’est pas forcément le cas en Belgique, cependant, qui partage cette orientation luxembourgeoise avec la Flandre uniquement.
Quel CV pour travailler en Belgique et au Luxembourg ?
La forme du CV diffère légèrement
Pour partir travailler au Luxembourg, le CV d’une page français conviendra aussi bien que le dossier de candidature de quinze pages allemand. « Disons que la moyenne est de trois pages », indique Maxime Alexandre.
En Belgique en revanche, on aime comme en France la synthèse, la structure et les mots-clés. Nathalie Alhadeff recommande de rédiger son CV en anglais « pour dépasser la barrière des langues car on ne sait pas si l'interlocuteur et francophone ou néerlandophone, cela évite tout malentendu et fait passer plus facilement le CV ».
L’importance des diplômes est moindre
Dans un environnement international, on ne connaît pas vraiment les équivalences des diplômes, surtout au Luxembourg.
« En France, ils correspondent à un statut, ils sont beaucoup moins valorisés au Luxembourg ou alors le diplôme doit être prestigieux comme celui de Stanford. Quant aux Belges, ils y sont attachés quand ils sont diplômés de Solvay ou de l’Université libre de Bruxelles », constate Maxime Alexandre.
En Belgique, cet écart est cependant bien moindre, beaucoup d’écoles françaises proposant un cursus dans ledit pays.
Salaires et congés en Belgique et au Luxembourg
Avantages à travailler en Belgique et Luxembourg : des salaires supérieurs
En Belgique, les salaires sont en général plus élevés qu’en France… tout comme le volume horaire hebdomadaire, étant de 38 heures pour 21 jours de congés/année. Tout dépendra du lieu de vie, de votre expérience et diplômes, cela va sans dire : par exemple, à Bruxelles, le salaire moyen s’élève à 2334 euros par mois pour un coût de la vie 10 à 15% plus faible qu’à Paris.
Au Luxembourg, la durée de travail hebdo s’élève à 40 heures et le salaire minimum légal pour cette durée de travail est de 2 257 euros bruts mensuels pour les travailleurs non-qualifiés et de 2 708 euros pour les qualifiés selon notre source. Le salaire moyen national y est quant à lui le plus élevé de l’Union Européenne.
Travailler en Belgique ou travailler au Luxembourg, c’est donc faire potentiellement plus d’heures mais (surtout ?) gagner plus !
Attention à la fiscalité, différente qu’en France
Au Luxembourg comme en Belgique, il faut mettre l’accent sur la fiscalité qui fausse la perception que l’on a du salaire net. « En Belgique, elle génère des écarts de 50 à 40% entre le brut et le net, avec des nuances selon les entreprises », précise Nathalie Alhadeff qui conseille de bien s'informer et de faire des simulations avec une calculette fiscale en ligne.
Négociation du salaire
La négociation salariale arrive tard dans le process de recrutement luxembourgeois, une fois que tout le monde est d’accord… mais pas encore sur la rémunération. « Le sujet est difficile à appréhender quand on vient à Luxembourg, culturellement d’abord – un Allemand par exemple, ne veut pas que sa femme connaisse son salaire –, il faut arriver à trouver des moyens d'en parler en le contournant », souligne Maxime Alexandre.
En Belgique, il n’y a pas vraiment de code, le sujet, comme en France doit arriver naturellement dans la discussion, plutôt au deuxième entretien qu’au premier.
Les permis de travail pour le Luxembourg et la Belgique
Obtenir un permis de travail au Luxembourg
Afin de pouvoir légalement travailler au Luxembourg, le ressortissant français devra passer le test du marché de l’emploi auprès de l’ADEM puis, si l’Agence ne trouve pas de luxembourgeois pour ledit poste, faire une demande d’autorisation de travail auprès du Ministère des Affaires Etrangères et
Pour ce faire, le ou la Français.e en question devra fournir les justificatifs suivants :
- Copie du passeport ;
- Copie du certificat fourni par l’ADEM ;
- Copie de l’autorisation de séjour fournie par un état membre de l’UE ;
- Certificat de résidence ;
- Un CV mis à jour ;
- Copie des diplômes.
Une fois accordée, ce permis de travail luxembourgeois est valable un an à partir de sa date d’autorisation et ce pour un seul secteur d’activité et un seul métier, qu’importe l’employeur. Vous pouvez cependant faire renouveler cette autorisation pour continuer de travailler au Luxembourg pour 3 ans supplémentaires, toust secteur d’activité confondu.
Le permis de travail en Belgique
SI vous êtes un Français souhaitant travailler en Belgique, bonne nouvelle : pas besoin de permis de travail pour les ressortissants de l’UE. Il faudra cependant vous enregistrer en tant que ressortissant français auprès du service des étrangers de votre lieu de résidence belge afin d’acquérir votre permis de travail européen (valable 5ans). Concernant vos impôts, vous les paierez en France.
Si vous n’êtes pas issu de l’Union Européenne, il faudra cependant faire une demande selon le type de permis que vous souhaitez : permis unique, permis A, permis B…
Les Français sont-ils appréciés au Luxembourg et en Belgique ?
Enfonçons le clou : les Français qui viennent travailler au Luxembourg sont, pour les locaux, arrogants, manquent de rigueur et sont procéduriers. « Leurs tendances à faire la grève et à attaquer leur employeur aux prud’hommes sont mal perçues », explique Maxime Alexandre.
Le Belge, plus indulgent, signale les différences entre la Flandre germanique et ultra-rigoureuse et la Wallonie, « un peu plus dilettante à la française ». Quant à Bruxelles, où la majorité des Français travaille, on y attend de la part des candidats de l’ouverture au multiculturalisme.
Trouvez le job qui vous correspond avec Monster
Que vous cherchiez à travailler au Luxembourg, en Belgique ou en France, Monster vous accompagne durant tout le processus de recrutement. De la confection de vos documents de candidature en passant par le tri des offres d’emploi, nous mettons à votre disposition notre vaste réseau professionnel ainsi que notre expertise en ressources humaines.
Pour en profiter, il faudra créer son compte candidat gratuit et y insérez son CV mis à jour puis (enfin !) postuler aux offres qui correspondent à votre profil et critères !