Syndrome de l'imposteur : 7 conseils pour s'en débarrasser

Par Nathalie Dépret

Vous doutez de vos capacités ? Vous êtes persuadé d’être une fraude sur le point d’être démasquée ? Vous n’arrivez pas à accepter votre réussite ? Félicitations, vous faites partie du club des personnes qui souffrent du syndrome de l’imposteur. Alors comment s’en débarrasser et retrouver confiance en soi au travail ?

Définition du syndrome de l’imposteur

Le phénomène de l’imposteur au travail est apparu en 1978, conceptualisé par deux psychologues américaines, Pauline Rose Clance et Suzanne Imes dont l’étude se focalisait sur les femmes à la carrière brillante.

Elles avançaient que « malgré des réussites académiques et professionnelles remarquables, les femmes qui ressentent le phénomène de l’imposteur persistent à croire qu’elles ne sont pas très intelligentes et qu’elles ont trompé tous ceux qui pensent le contraire ».

Concrètement, le syndrome de l’imposteur se manifeste par :

  • un manque de confiance en soi
  • une tendance à se dévaloriser
  • une dépréciation de son expertise
  • une remise en question constante
  • le sentiment de ne pas avoir mérité sa place et sa réussite

Avec pour couronner le tout, le stress constant au travail d’être un jour découvert pour la fraude que l’on pense être. Bref, pour ces personnes, leur réussite n’est pas due à leurs qualités mais à des facteurs extérieurs comme la chance, le hasard ou un boss qui vous a à la bonne.

Les personnes affectées par le syndrome de l’imposteur

Si les femmes semblent particulièrement concernées par le sujet, c’est selon le Harvard Business Review, en raison de « systèmes qui récompensent la confiance de dirigeants masculins, même s’ils sont incompétents, punit les femmes blanches pour leur manque de confiance, les femmes de couleurs pour en avoir trop et toutes les femmes pour en faire preuve, ce qui est jugé comme inacceptable ».

Depuis sa découverte, ce phénomène a pris de l’ampleur et affecterait aujourd’hui près de 70% de la population mondiale à un moment donné de sa vie selon une publication du International Journal of Behavorial Science.

Au-delà du genre, la particularité de ce phénomène touche les profils brillants qui pensent ne pas mériter leur succès comme Sheryl Sandberg (ex COO de Facebook), Serena Williams, Tom Hanks ou Michelle Obama.

Le syndrome de l’imposteur concerne désormais tous les métiers et les strates de l’entreprise : une étude récente publiée par Capital X Yougov affirme que 62 % des managers français se disent également victimes du syndrome de l'imposteur.

 

5 types de syndromes de l'imposteur

Les « malades » du syndrome ne sont pas tous égaux face à cette affection. Après des années de recherche, le Dr Valerie Young, experte en la matière et fondatrice de l’Impostor Syndrome Institute a déterminé 5 profils de compétence liés ce à ce phénomène :

1. Le perfectionniste

Il se fixe des objectifs élevés qui doivent être accomplis à la perfection. Le moindre petit défaut résonne comme un échec retentissant pour ce control freak, honteux de ne pas avoir été à la hauteur

2. L’expert

Il juge ses capacités en fonction de tout ce qu’il sait et ce qu’il peut faire. Il est persuadé qu’il doit être capable de tout maîtriser et tout savoir. L’idée d’avoir des connaissances naturellement limitées l’embarrasse profondément.

3. Le soliste

Pour lui, demander de l’aide prouve bien qu’il est bien un imposteur. Convaincu qu’il est capable de tout faire tout seul, l’idée même d’avoir besoin d’aide est un signe d’échec et de honte.

4. Le génie naturel

Non seulement il doit être parfait dans ce qu’il fait mais, en plus, il doit réussir du premier coup, rapidement et facilement. Le simple fait de galérer pour maîtriser un sujet ou une compétence équivaut à un échec honteux et prouve son statut d’imposteur.

5. Le super humain

Pour lui, sa compétence se mesure par le nombre de casquettes qu’il peut cumuler tout en y excellant. Echouer dans n’importe quel rôle (salarié, parent, conjoint, ami) renforce ses insécurités. Il est persuadé qu’il devrait être capable de gérer tout cela, parfaitement et facilement.

Comment savoir si on a le syndrome de l'imposteur ?

Si après toutes ces informations, vous avez encore des doutes, voici encore quelques pistes supplémentaires pour savoir si vous faites partie du « club ».

En effet, pour gérer cette anxiété liée à l’attente que son secret soit découvert, la personne a développé plusieurs mécanismes de défense, décrit ainsi par le Dr Young :

  1. Rester en retrait / Ne pas se faire remarquer
  2. Sur-préparer tout / Travail acharné
  3. Avoir recours au charme et à la perspicacité
  4. Procrastiner
  5. Ne jamais terminer
  6. Maintenir un profil discret ou en perpétuelle évolution
  7. S’auto-saboter

Vous pouvez également vous appuyer sur l’échelle de Clance, imaginée par Pauline Rose Clance dans son livreThe Impostor Phenomenon: When Success Makes You Feel Like A Fake. Vous pouvez faire le test de l’échelle de Clance en anglais ici ou en français.

Comment se débarrasser du syndrome de l'imposteur ?

Même s’il est solidement ancré en vous, (pour des raisons d’éducation, personnalité, de discrimination, de sexisme etc), ce phénomène n’en est pour autant irrévocable même si malheureusement, il n’existe pas (encore) de potion magique pour le combattre. Mais pour retrouver la confiance en soi au travail, se débarrasser du syndrome de l’imposteur exige un travail sur soi et une remise de question du système dans lequel on évolue.

1. Prenez du recul

Alors comme ça, on pense être nul ? Première chose à faire : examiner vos automatismes de pensées pour comprendre s’ils vous aident ou vous freinent.

Prenez le temps de répertorier, en toute objectivité, tous les éléments qui prouvent que vous méritez votre place et que vous êtes aussi qualifié que vos collègues : votre diplôme, vos années d’expériences, vos réussites professionnelles.

Si votre manager remplit vos évaluations annuelles, vous pouvez également les ressortir pour vous imprégner de ses remarques positives. Une introspection nécessaire pour vous rappeler factuellement vos compétences et apprendre à maitriser cette petite voix intérieure qui vous déstabilise.

2. Parlez-en à une personne bienveillante

Si malgré cet état des lieux, vous doutez encore (et ce sera sans doute le cas), pourquoi ne pas partager vos sentiments d’insécurité avec les personnes bienveillantes de votre entourage ?

Parfois, le simple fait d’énoncer à voix haute ce sentiment d’imposture peut aider à le désamorcer (un peu). Face à vous, votre interlocuteur rebondira sur vos qualités professionnelles et vos qualités humaines. Dans certains cas, le syndrome de l’imposteur est si fort qu’il en devient paralysant. Il est alors tout à fait envisageable de suivre une thérapie cognitive comportementale, guidée par un professionnel de la santé mentale.

3. Arrêtez de vous comparer

Comme vous manquez de confiance en votre potentiel et que vous ne pouvez vous empêcher de vous dévaloriser, il est aussi crucial d’arrêter de vous mesurer à d’autres personnes ou d’autres collègues. Même si le parcours de chacun a ses particularités, vous aurez toujours la fâcheuse tendance et le réflexe de vous sous-estimer.

4. Limitez votre dose de réseaux sociaux

On le sait maintenant, si les réseaux sociaux peuvent momentanément booster la confiance en soi, ils sont aussi facteurs d’anxiété et d’angoisse chez les usagers, confrontés à longueur de journées à des personnes qui créent l’illusion d’une vie parfaite.

Il n’y a rien de pire pour déclencher chez la personne une avalanche de reproches envers elle-même. On vous dirait bien de supprimer vos comptes mais on est réaliste : alors essayez d’y aller le moins possible ou alors désabonnez-vous des profils qui vous sapent le moral.

5. Laissez tomber votre quête de perfectionnisme

Sans grande surprise, les personnes qui souffrent du syndrome de l’imposteur sont de grands perfectionnistes qui ne tolèrent pas les erreurs, les défauts et toutes sortes d’imperfections. Il va falloir faire un gros travail sur vous pour lâcher prise.

Plutôt que de vous dire « ce n’est pas assez bien », pensez plutôt « j’ai fait de mon mieux ». Un mantra qui, au fil du temps, aide à relâcher la pression que vous vous mettez.

6. Soyez bienveillant avec vous-même

Tout comme il est nécessaire de comprendre que cette quête sans fin de la perfection n’est pas réaliste, il est aussi important d’être plus sympa avec vous-même. Bannissez cette maudite voix intérieure qui vous murmure que vous ne savez rien ou que vous êtes nul et entamez un autre dialogue avec vous.

Si vous ne savez pas quelque chose, ce n’est pas la fin du monde. Si vous faites du bon boulot, félicitez-vous parce que c’est à vous que vous le devez. Enfin, acceptez les compliments même s’ils vous gênent. Avec le temps, vous serez plus à l’aise pour les recevoir.

7. Parlez-vous à la 3eme personne

Oui, comme Alain Delon ! Selon une étude très sérieuse parue dans Journal of Personality and Social Psychology, parler de soi-même à la troisième personne est une méthode très bénéfique (même si un peu érange).

L’étude cite LeBron James, superstar du basket qui disait : « Je ne voulais pas prendre une décision sur le coup de l’émotion. Je voulais faire ce qui était le mieux pour le LeBron James et faire ce qui rend LeBron James heureux ». L’hypothèse des chercheurs ? Utiliser son propre nom et la troisième personne du singulier pour parler de soi pendant un moment d’introspection permet une prise de recul qui renforce la maîtrise des pensées, des émotions et des comportements.

Les bienfaits inattendus du syndrome de l’imposteur

Heureusement, tout n’est pas noir au pays de l’imposteur imaginaire. Une publication du célèbre MIT souligne que ces personnes ont tendance à compenser les lacunes qu’elles ressentent en travaillant très bien en équipe et sont dotées de qualités sociales très développées sans que cela n’affecte aucunement leurs résultats.

L’auteur de la recherche Basima Tewfik s’est notamment penchée sur un programme de formation de médecin. Il s’avère que les futurs médecins persuadés d’être des imposteurs étaient ceux qui connectaient le mieux avec les patients. Selon ces derniers, ces médecins en formation faisaient preuve de plus d’empathie, ils écoutaient mieux et obtenaient plus efficacement des informations.

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Maintenant que vous avez compris comment lutter contre le syndrome de l’imposteur, plus rien ne peut vous arrêter. Désormais pleinement conscient de vos capacités, vous vous sentez pousser des ailes et vous avez envie d’explorer de nouvelles opportunités professionnelles. Téléchargez sans plus attendre votre CV dans notre CVthèque et faites savoir aux milliers de recruteurs que vous êtes le meilleur candidat pour leur entreprise.