Renégocier son salaire après une proposition décevante : mode d'emploi
Le poste vous motive, sa mission est belle mais en termes de salaire, la proposition que vous avez entre les mains vous déçoit. Une négociation de salaire après proposition est possible, dans certains cas, mais obtenir plus revient parfois à faire un vrai pari.
Les situations où la négociation de salaire après proposition n’est pas envisageable
Avant d’aller plus loin, regardez de près ces situations où une négociation de salaire après proposition du recruteur est tout bonnement inenvisageable. Vous vous retrouvez dans un de ces cas de figure ? Alors si vous voulez vraiment le job, ne renégociez pas, au risque d’agacer le recruteur et perdre l’opportunité pro.
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Les entreprises avec une grille de salaires stricte
Tout d’abord, on zappe tout de suite l’idée de renégocier les propositions d’entreprise ayant une grille de salaire.
Que ce soit pour travailler dans une start up ou un grand groupe, avoir une grille de salaires ne laissent aucune place à la discussion. Derrière un niveau de rémunération fixé pour chaque fonction, selon plusieurs critères (niveau de qualification, de responsabilité, risque, etc.), chaque fonction est évaluée selon la politique salariale.
Accepter (ou non) cette grille, c’est épouser (ou non) les valeurs de l’entreprise et son équilibre social.
A noter : avoir une grille de salaires peut vouloir dire une grille de tranches salariales, auquel cas vous pouvez très bien négocier dans la tranche qui vous correspond. Par exemple, si votre poste se situe entre 30 et 34 000 euros bruts/an, vous pouvez tenter d’être rémunéré 34 000.
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Vous avez surestimé votre valeur marchande
Cela arrive, hélas, à beaucoup d’entre nous : deux, trois voire cinq ans d’études, un double Master, trois stages et deux alternances d’effectuées voire potentiellement un prêt étudiant de 30 000 euros sur le dos par-dessus le marché.
Pire : au début de notre cursus pro, facultés et grandes écoles nous font miroiter l’obtention d’un poste Junior à 45 000 euros bruts/année minimum.
Vous vous reconnaissez dans la situation décrite ci-dessus ? Ce n’est guère étonnant. Pourtant, cela ne doit pas vous faire perdre la tête : négocier après une proposition de salaire décevante n’est pas envisageable si vous demandez plus de 15% au-delà des salaires en vigueur.
Pire encore, cela vous décrédibilisera auprès du recruteur ! Vous passez alors pour quelqu’un de trop gourmand qui savait qu’il ne valait pas ce qu’il annonçait.
Il se peut aussi que certains candidats ont été surpayés à une époque, sortir des environnements ou des secteurs qui rémunèrent particulièrement bien leur réserve donc des surprises car le marché a baissé. Un salaire à un moment donné de sa carrière peut aussi être le reflet d’une réussite personnelle, à un poste de commercial par exemple, due à une bonne conjoncture et non le reflet du prix du marché. Attention à l’ego qui peut faire rater une opportunité.
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Vous vous êtes vendu trop bas dès le départ
Se vendre trop bas n’est pas un bon calcul, non seulement le message envoyé à l’employeur n’est pas positif mais encore, on risque une fois dans son poste de ne pas se sentir assez reconnu. Très difficile de négocier un salaire après proposition si en premier lieu vous vous êtes sous-évalué.
De plus, comme le souligne Judith Tripard, consultante senior chez Clémentine, « certaines entreprises partent sur un bas de fourchette avec en tête l’idée que ce sera renégocié ». Ne dites donc pas trop vite « oui » ou « non » à l’offre d’une entreprise : on vous propose d’emblée 30 000 euros bruts/année mais prétendez à 34 000 ? Rien n’est perdu, la marge de négo est raisonnable.
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L’entreprise propose d'autres avantages
Participation, intéressement, épargne salariale ? Tickets restaurants, peut-être ? Des jours de congés supplémentaires, de nombreux RTT peut-être ? Demandez s’il y a des avantages en nature proposés par l’entreprise à tous ses employés. Cela pourrait jouer sur la qualité de vie au travail, au même titre (voire plus) qu’un salaire supérieur.
3 situations où négocier après une proposition de salaire est possible
Arrêtons-nous sur trois situations assez courantes où la carte renégociation est jouable.
1. Vous avez annoncé vos prétentions salariales, mais pas l’entreprise
Dès le départ, vous avez annoncé vos prétentions salariales et l’entreprise n’a pas dévoilé sa fourchette. Sa proposition est inférieure à ce que vous espériez ? Jouez sur le manque de transparence dès le départ ! Vous êtes dans votre bon droit.
2. Le/la recruteur vous a laissé entendre que le salaire serait supérieur
Dans ce cas de figure, il peut y avoir négociation de salaire après proposition si cette dernière ne correspond pas à ce qu’on vous avait laissé entendre en entretien, à savoir que vos prétentions collaient avec l’enveloppe prévue pour le poste.
Ici, il s’agit davantage de rétropédalage de la part du recruteur plutôt que de manque de transparence. Attention, revenir sur une promesse (même à demi-mot) est un red flag : le recruteur est-il vraiment sérieux ?
3. L’expérience, parfait pour négocier une proposition de salaire basse
Dans ce troisième cas de figure, courant, vous êtes plus expérimenté que prévu dans le profil de poste. Du coup, l’enveloppe est inférieure à vos prétentions. Ici, l’employeur pourrait la mettre à niveau :
- Dès l’embauche ;
- A terme, après votre période d’essai ou votre bilan annuel.
Négociations compliquées ? Jetez un oeil aux offres du marché !
Comment négocier son salaire après une proposition décevante ?
1. Déterminer sa valeur sur le marché
Tout d’abord, n’oubliez jamais : il ne s’agit pas de votre valeur mais de votre valeur sur le marché de l’emploi. Vous êtes et serez toujours bien plus qu’un chèque à la fin du mois, alors aucune comparaison hasardeuse entre qui vous êtes et votre job. Jamais !
La connaissance de sa valeur sur le marché est la base de toute négociation. A ce stade, elle vous permet de savoir si vous avez encore une marge de manœuvre.
Utilisez un des outils de salaires ci-dessous avant de renégocier après une proposition de salaire :
- Salairemoyen (outil de l’INSEE) ;
- Juritravail;
- L’outil Monster (sur une base des salaires américains pour l’instant).
A noter : si vous vous êtes vendu trop bas d’entrée de jeu, il ne semble pas cohérent de négocier trop à la hausse ensuite.
2. Rester logique du début à la fin du processus de recrutement
Pour Béatrice Louvet, directrice générale du Groupe Transition, il faut rester logique de A à Z dans sa négo. Son conseil s'applique à tous les candidats, y compris ceux qui sont au chômage : « Si dès le début on a été clair sur ses prétentions, il ne faut pas se coucher, accepter moins révèle un manque de cohérence. »
3. Demander ouvertement s’il est possible de négocier
Demandez franchement à l’employeur s’il est possible de renégocier, car « il sait qu’il peut perdre le candidat s’il n’est pas ouvert », pointe Judith Tripard.
Faites preuve de diplomatie, de finesse, de souplesse et d’ouverture, « l’employeur doit sentir qu’il garde la main, il faut donc éviter la crispation d’un « C’est ça ou rien » car c’est à ce moment-là que l’employeur zappe et fait sentir au candidat qu’il en a d’autres sous la main », recommande Béatrice Louvet.
4. Faire valoir le risque que vous prenez en acceptant l’offre
Si vous êtes accosté par un chasseur de têtes, faites valoir « la prise de risque en quittant votre employeur actuel, l’absence d’augmentation annuelle si vous n’y êtes pas éligible comme c’est le cas dans bon nombre d’entreprises si vous êtes arrivé après le 1er juillet, réexpliquez votre valeur ajoutée», indique Judith Tripard.
Que faire si la négociation de salaire après proposition ne mène à rien ?
Négociation de salaire après une proposition : dernières marges de manoeuvres
Si après (re)négociation la rémunération reste inférieure au montant souhaité, tout n’est pas perdu. Si vous souhaitez un bénéfice pécunier coûte que coûte, vous pouvez négocier :
- Une mise à niveau à la fin de la période d’essai ;
- Une prime à la performance ou un variable annuel / trimestriel si le poste s’y prête ;
- Une potentielle augmentation lors de votre entretien annuel d’évaluation.
Les salaires élevés, c’est bien, très bien même. Mais qu’en est-il des avantages autres ? En voici quelques-uns qui ne sont pas à ignorer. Demandez au recruteur, par exemple :
- Des actions gratuites, s’il s’agit d’une start up ou petite entreprise ;
- Une formation en particulier;
- Une certaine souplesse horaire, comme travailler le samedi, commencer plus tard ou plus tôt, etc.
Faire ses preuves en interne, un pari raisonnable
Avoir fait vos preuves pendant quelques semaines, mois ou un an vous fera gagner ce pari, vous aurez plus d'arguments et l'employeur, qui sait enfin exactement ce qu'il risque de perdre respectera son engagement.
Et non, l’employeur n'est pas idiot, n'a pas besoin d'être menacé d’une démission et connaît le coût d'un nouveau recrutement. Son but ? Le bonheur de tous et, de facto, le bonheur dans ses affaires !
Quant à vous qui connaissez bien vos contraintes et ressorts de motivations, vous savez qu'un emploi ne se réduit pas à un salaire et vous tiendrez compte aussi des avantages en nature, de l’ambiance et des conditions de travail, du contenu du poste et de la progression qu'il représente, du projet de l’entreprise...
Trouvez l’emploi qui correspond à vos prétentions salariales
Le meilleur moyen de ne pas être déçu, c’est de postuler à des offres qui affiche clairement la tranche salariale pour le poste. Chez Monster, nous poussons nos recruteurs partenaires à être transparent sur le niveau de rémunération afin de motiver les (bons) talents.
Pour profiter de notre réseau de recruteurs, déposez votre CV sur Monster gratuitement. Vous ne serez contacté par les recruteurs que si votre profil correspond vraiment à l’offre qu’ils ont à vous proposer.