Pourquoi il faut plus de femmes ingénieures

Par Sophie Girardeau

Quand elles osent se lancer dans les carrières d’ingénieures, les femmes réussissent. À l’heure où l’on conçoit les machines selon les usages et non plus en fonction de la technique, il serait dommage de se priver de la moitié des cerveaux d’une classe d’âge.

En octobre 2015, Mathilde Vera était lauréate du concours Ingénieuses. Chaque année depuis 2011, la CDEFI (Conférences des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs) organise ce concours pour susciter des vocations d’ingénieures chez les jeunes filles, lutter contre les stéréotypes de genre et promouvoir l’égalité homme-femme. L’édition 2016, lancée le 4 janvier, est ouverte jusqu’au 25 mars.

Être une femme dans le monde de l’ingénierie est « peu commun et intéresse donc bon nombre de recruteurs »

Dans son témoignage, à lire intégralement sur le site Les Femmes de l’économie, cette jeune femme s’étonne de l’impact des stéréotypes de genre dans la vie professionnelle : « Plus je m’insère dans le monde du travail, plus je me rends compte que cela joue un rôle, c’est vraiment dommage. Mais aujourd’hui, le fait d’être une femme devient un atout dans le monde de l’ingénierie. C’est peu commun et cela intéresse donc bon nombre de recruteurs. »

« À l’heure où l’on conçoit les machines en fonction des usages, il est important que les femmes s’en mêlent autant que les hommes »

Le droit à la même carrière que les hommes est un souhait exprimé par les femmes depuis des décennies. Le temps que les mentalités évoluent, que la peur du gendarme fasse effet, que les entreprises se soucient de parité, on prend conscience qu’il est dommage de se priver de la moitié des cerveaux d’une classe d’âge. « À l’heure où l’on conçoit les machines en fonction des usages et non en fonction de la technique comme avant, il est important que les femmes s’en mêlent autant que les hommes, d’autant plus que quand elles osent se lancer dans ces carrières, elles réussissent », souligne François Cansell, président de la CDEFI.

La difficulté de projection des jeunes filles dans ces métiers

Mais tout de même, que de lenteur, qu’il faut, en 2016, expliquer par des stéréotypes encore et toujours à l’œuvre. « L’environnement familial, scolaire n’est pas favorable, les loisirs non plus. Au collège et au lycée, les jeunes filles ont des difficultés de projection vers ces métiers. Même aujourd’hui, il n’est pas classique pour des parents de projeter leur fille dans une carrière d’ingénieure », pointe notre interlocuteur.

Une représentation inégale selon les filières

La représentation féminine varie selon les filières, les femmes sont par exemple bien impliquées dans les biotechnologies et l’agro-alimentaire mais elles sont sous-représentées dans les métiers du numérique. Estimer que la filière STIC (Services et technologies de l’information et de la communication) est la plus mal lotie parce que les femmes sont plus attirées par le vivant que par les technologies est en soi un stéréotype, renvoyons-le dans ses buts.

On comptait en 2013 11% d’étudiantes dans la filière STIC contre 12% en 2008 (parlons plus de stagnation que de régression) ; 22% en Physique contre 21% en 2008; 36% en Chimie contre 32% en 2008 ; 44% en Agronomie contre 42% en 2008. Ces chiffres partent de loin, en 1972 en effet il y avait 0% en Génie Civil et 10% en Agro (source CDEFI).

Sophie Girardeau

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