Femmes et numérique : pourquoi encore si peu de parité en France

Par Nathalie Dépret

Ce n’est pas un secret, les femmes ne se bousculent pas dans le secteur du numérique. Selon le baromètre 2021 de SISTA et du BCG, uniquement 5% des startups françaises auraient uniquement des fondatrices et 10% seulement ne serait-ce qu’une seule. Selon l’étude AnitaB.org de 2019, seulement 18,5% des managers du numérique sont des femmes. Des chiffres accablants.

Pourquoi les femmes sont aussi peu nombreuses dans le secteur du numérique, pourtant à l’origine des plus grands bouleversements économiques et sociétaux du 21ème siècle ? Quelles conséquences et surtout comment stopper cette scission entre femmes et numérique ?

Le stéréotype du geek blanc et asocial perdure

C’est une problématique compliquée qui repose d’abord sur une question d’image.

Céline Lazorthes, fondatrice de Leetchi expliquait sur le site officiel du gouvernement français que « les jeunes filles pensent que les métiers tech' sont des métiers de geek, ce qui est faux ».

Une idée reçue décryptée ainsi par la journaliste américaine Emily Chang :

« Les femmes programmaient des ordinateurs dans l’armée et la Nasa. Mais quand l’industrie a explosé, des tests de personnalité ont été imaginés pour identifier les personnes compétentes pour ce job. Il a été décidé, bien qu’il n’y ait aucune preuve pour soutenir cette idée, que les bons programmeurs ‘n’aiment’ pas les gens. Donc si vous engagez des personnes qui n’aiment pas les gens, vous engagez plus d’hommes que de femmes. Ces tests ont perpétué le stéréotype du l’homme blanc, antisocial et geek ».

Pour Consuelo Bénicourt, directrice RSE de Sopra Steria, il y a aussi un véritable questionnement sur l’attractivité des filières scientifiques :

« La place des femmes dans le numérique est totalement dépendante du contingent de femmes dans les écoles d’ingénieurs. Le rapport Villani indiquait qu’il y a seulement 20% de femmes dans ces écoles. Ce chiffre va en diminuant selon certains rapports alors qu’il y a 47% de bachelières en Terminal S. Il y a un gros travail à faire de la part des entreprises conjointement avec les écoles pour aller dans les lycées, témoigner et susciter des vocations ».

L’impact de l’absence des femmes dans le numérique

Emily Chang raconte qu’Evan Williams, le co-fondateur de Twitter lui a avoué que si les femmes avaient fait partie des débuts de Twitter, le harcèlement en ligne et les trolls ne seraient aujourd’hui sans doute pas un tel problème. Un outil construit par des hommes et dirigé comme tel, donc.

Pour Consuelo Bénicourt, ce n’est pas qu’un problème de représentativité professionnelle, c’est « aussi une question plus largement sociétale. Par exemple, on sait que le déséquilibre se propage dans les algorithmes et y introduisent des biais, du simple fait que plus d’hommes que de femmes y laissent leurs données avec leurs présupposés et leurs visions. »

Céline Lazorthes pense quant à elle que les femmes entreprennent souvent en partant d’un besoin, d’un manque observé dans la vie quotidienne tandis que les hommes s’appuient davantage sur des conjonctures opportunes de marchés. En bref, une diversité absolument nécessaire pour notre société.

Comment intégrer les femmes au secteur du numérique ?

« Une des ambitions du rapport Villani est d’amener la part de femmes dans les écoles d’ingénieurs à 40% d’ici 2020 pour que le secteur du numérique ne devienne pas une nouvelle machine à exclusion » note Consuelo Bénicourt. Comment attirer les femmes vers ces carrières et cursus ?

En premier lieu, il est nécessaire d’inspirer les étudiantes via des modèles comme le mannequin Karlie Kloss créatrice d’une école qui encourage les jeunes filles à coder et de se projeter dans des parcours de femmes comme Sheryl Sandberg ou Catherine Barba.

Pour faire bouger les lignes, on trouve :

De son côté, Sopra Steria a créé en 2015, le réseau Passer’Elles :

« Un réseau qui mobilise en France plus de 250 ambassadrices et organisent des actions dans les lycées ou dans l’entreprise pour témoigner sur leur métier et sensibiliser ainsi le plus grand nombre. Nous avons aussi un accord d’entreprise qui soutient des actions concrètes en terme de promotion, de rémunération et de formation. Parallèlement à Passer’Elles, nous organisons des ateliers mixtes où sont abordés des thèmes différents (leadership, stéréotypes, sexisme) pour ensuite dégager des plans d’action très concrets et simples à mettre en oeuvre ».

Femmes et numérique : misez sur les entreprises engagées pour la féminisation du secteur

Vous êtes en quête d’un job dans le numérique ? Que vous soyez de sexe féminin ou masculin, prenez bien soin de vous informer sur les entreprises pour lesquelles vous postulerez. Leur marque employeur fait-elle part d’un réel engagement en faveur de la féminisation du secteur ? En cas de doute, n’hésitez pas à poser la question, en fonction.

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