Les questions à se poser avant de démissionner

Par Nathalie Dépret

Le fantasme de la démission touche un grand nombre de professionnels. A en croire un sondage de l’Ifop mené en 2018, deux tiers des cadres français y songent, une tendance qui atteint les 74% chez les 18-34 ans. Mais la démission n’est pas qu’une envie. En effet, La Dares indique qu’en 2017, les démissions étaient « le motif de rupture anticipée de contrat le plus fréquent en France puisqu’elles représentent environ 40 % des fins de contrat ». Mais si vous avez envie de franchir le pas, il est capital de faire le point sur ce qui les raisons qui motivent cette envie et, surtout de ne pas céder à l'abandon de poste si les choses se compliquent quant à votre départ.

Pourquoi ai-je envie de démissionner ?

C’est sans doute la première question à se poser. S’agit-il d’un ras-le-bol passager ou d’un mal-être plus profond ? Quelles sont vos insatisfactions ? « Généralement, les candidats que nous rencontrons décident de partir parce qu’ils ont l’impression d’avoir fait le tour de leur poste, de ne plus apprendre, de ne plus être stimulé, de manquer de perspective explique Martin Villelongue, Directeur Exécutif chez Michael Page. Mais attention, celui qui veut démissionner pour répondre à un plan de carrière pré mâché et cocher des cases s’expose à de mauvais choix. Une carrière professionnelle est propre à chacun, on ne peut pas répondre à des idées toutes faites sur un plan de carrière ».

Est-ce que je suis prêt à partir ?

Si un salarié n’analyse pas ses raisons derrière ce désir de mobilité, il ne pourra être lucide sur ses futurs choix professionnels. Martin Villelongue raconte : « Nous rencontrons des candidats qui sont dans une démarche potentielle de mobilité. Quand ils ont une offre en main, ils peuvent faire machine arrière au moment de démissionner parce qu’ils ne se sont pas forcément posés ces questions : 1/ Suis-je prêt à quitter mon poste, mon environnement, mes collègues ? 2/Que va m’apporter ce nouveau poste ? On réussit sa transition professionnelle quand les deux réponses se rejoignent ».

A qui dois-en en parler ?

Il est intéressant d’avoir un regard extérieur pour mesurer la situation. Commencez donc par en parler à vos proches. « Certes, ils ne connaissent pas l’entreprise mais ils vous connaissent, ils ont le recul nécessaire. Ensuite, je recommande d’en parler à son management ou au service RH. Cela peut être l’occasion d’échanger sur les difficultés éventuelles et obtenir une nouvelle mise en perspective. Ensuite, on peut aussi solliciter des cabinets de recrutements qui sont indépendants et ont une vision globale du marché, de votre valeur et des perspectives futures. Finalement, vous pouvez aussi rencontrer le futur employeur pour savoir si vous avez vraiment envie de partir ».

Est-ce que l’herbe est forcément plus verte ailleurs ?

Quand on ne sent plus à sa place dans son entreprise, on imagine forcément que ce qui nous attend sera plus intéressant, plus excitant, mieux payé. C’est peut-être le cas mais il faut veiller à garder les pieds sur terre. « Quand une opportunité se présente, le candidat n’a pas forcément le recul pour évaluer la qualité de cette opportunité et la pertinence d’une mobilité par rapport au marché. C’est la raison pour laquelle il faut se faire une idée du marché avant de bouger souligne Martin Villelongue. Il faut rentrer dans le concret, rencontrer des recruteurs, passer des entretiens pour avoir une vraie idée des postes accessibles ».

Est-ce que mon futur employeur et moi avons des valeurs communes ?

Partager des valeurs avec son employeur est décisif dans ce processus de mobilité. En effet, la culture d’entreprise contribue largement au bien-être des employés et constitue un levier crucial dans la recherche d’un nouvel emploi. « Il existe de plus en plus d’outils où les collaborateurs - anciens et actuels - évaluent leurs employeurs. Le candidat peut aussi solliciter son réseau pour recueillir des informations sur l’entreprise. Et puis il ne faut pas hésiter à questionner son futur employeur sur d’autres sujets que le poste et ses contours opérationnels. Interrogez-le sur les relations transversales que vous pourriez avoir avec les autres services, l’historique du poste, son évolution, le contexte managérial ».

Comment bien démissionner ?

Parler à son manager, envoyer son courrier, négocier son départ. Certes, vous quittez l’entreprise mais il faut savoir y mettre les formes. En effet, les professionnels du recrutement constatent un phénomène qui prend de l’ampleur : le retour à l’employeur. Après 2, 3, 5 ans, les anciens salariés reviennent dans l’entreprise. « A un moment de leur vie, certains collaborateurs ont eut l’impression d’une saturation qui n’était pas liée à leur métier ou à l’employeur mais à un besoin de s’aérer. C’est donc crucial de bien soigner sa sortie pour ne pas gâcher ce lien. Il faut toujours garder en tête qu’on pourrait peut revenir et qu’on recroisera toujours les gens avec lesquels on a travaillé » conclut Martin Villelongue.

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