Faut-il vraiment savoir quel métier faire à 30 ans ?
Il fut un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Une époque où un ancien publicitaire fanfaronnait que « si à 50 ans, on n’a pas de Rolex, on a raté sa vie ». Aujourd’hui, les questionnements de nombreux trentenaires déboussolés reflètent une réalité moins simpliste. En quête de sens et d’un équilibre entre ambition professionnelle et bien-être personnel, ils ne savent pas quel métier faire à 30 ans. Mais est-ce vraiment si dramatique ?
Je ne sais pas quel métier faire à 30 ans. C’est grave, docteur ?
Vous avez lu sa BD, « Dans la combi de Thomas Pesquet » dans lequel l’astronaute français raconte qu’enfant, il voulait déjà d’aller dans l’espace. Votre cousine, elle, a toujours rêvé de s’occuper d’animaux et aujourd’hui, elle bosse dans un cabinet vétérinaire. Sans parler de vos parents qui exercent le même job depuis qu’ils ont obtenu leur diplôme, il y a quelques décennies de cela.
Et puis, il y a vous. Vous flirtez avec la trentaine et oui, vous admettez ne pas savoir quel métier faire. Autour de vous, votre famille s’inquiète de cette crise de la trentaine. On vous dit que 30 ans, c’est un âge raisonnable, le cap où vous êtes censé avoir une situation, mener une vie d’adulte, assumer des responsabilités…
Trouver sa voie professionnelle : vous n’êtes pas seul !
Seulement, tout le monde n’a pas la chance d’exercer son métier par passion ou par vocation, qui est une notion relativement récente du côté de l’Occident. Ne parlons même pas de cette remise en question du travail et de l’entreprise, déclenchée par la pandémie mondiale.
D’ailleurs, un sondage Ipsos pour My Job Glasses (2017), l’Observatoire du Premier Emploi suggère qu’en 2022, trouver sa voie professionnelle, c’est un peu la soupe à la grimace pour les 18-30 ans :
- 43% des actifs en recherche d'emploi n’ont aucune idée du métier qu’ils souhaiteraient exercer.
- 50% des jeunes actifs ont choisi leur premier métier par hasard ou par nécessité.
- Seulement 24% des salariés exercent leur métier par passion
De quoi remettre en perspective, vos inquiétudes et celles de votre entourage…
30 ans, élu âge officiel de passage à l’âge adulte ?
Au fait, quand devient-on vraiment adulte ? À 18 ans, quand on peut voter ou décider pour soi ? Quand on s’installe en couple, lorsqu’on atteint une certaine autonomie financière ou bien lorsqu’on franchit le cap CDI + crédit immobilier + enfant ?
Pour Jean Viard, auteur de l'essai Un nouvel âge jeune, l’âge adulte survient au moment où se manifeste une envie de stabilité. Et pour le sociologue, « c’est plutôt vers 30 ans que la plupart des jeunes deviennent adultes ».
Dans une interview à Usbek & Rica, il décrit la décennie de ces jeunes « intermittents du travail ». « De 16 à 26 ans, on a donc une période de 10 ans où l’on est en apprentissage de l’âge adulte, à travers les études, le salariat, les voyages et l’amour, les quatre fondamentaux d’une société moderne ». Aujourd’hui, devenir adulte prend donc plus temps.
Trouver sa voie (professionnelle) : les raisons du malaise
Savoir quel métier faire à 30 ans n’est pas si facile que ça et les raisons de cette incertitude sont diverses et variées.
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Une orientation professionnelle ratée
Entre l’orientation pro subie et les mauvais conseils dispensés, beaucoup de jeunes se retrouvent sur le marché de l’emploi, totalement paumés. Pour rappel, l’Observatoire du Premier Emploi révèle que si c’était à refaire, 30% des jeunes interrogés choisiraient un autre métier tandis que 43% des jeunes se disent mal préparés à la recherche d’un premier emploi.
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Un besoin d’impressionner son entourage
Les Américains appellent ça « praise addiction ». Cela consiste à choisir une voie pour être apprécié et complimenté, pas seulement par papa et maman. Hélas, ce sentiment fugace de satisfaction ne dure pas et on réalise alors que ce métier n’est pas celui qu’on voulait vraiment faire. Ce n’est sans doute pas un hasard si selon l’étude Robert-Half UK relayée par Bloomberg, les salariés commencent à détester leur travail à 35 ans.
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L’injonction du job passion
Après avoir vu leurs parents s’usaient à la tâche, les jeunes générations refusent ce parcours de vie. Pour être heureux, il faudrait donc seulement exercer une profession qui déclenche cet élan sous peine de penser rater sa vie. Confucius disait « Fais de ta passion ton métier et tu n’auras plus jamais à travailler de ta vie ». Une injonction lourde à porter qui impliquerait une insatisfaction chronique envers l’ordinaire.
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La pression sociétale
Qu’il s’agisse des médias ou des réseaux sociaux, nous sommes tous devenus esclaves d’un idéal à renvoyer au monde. Il faudrait avoir un métier épanouissant, exiger une satisfaction immédiate, bousculer les codes de l’entreprise, entreprendre un travail sur soi et partager ses émotions intimes avec le monde entier. Une dictature du bonheur dans une culture profondément individualiste et normative qui, sous des apparences libératrices, étouffe plutôt qu’elle n’épanouit.
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La remise en question du travail comme seul facteur d’émancipation
C’est certainement l’un des facteurs clés qui déstabilise de nombreux trentenaires (et les entreprises). Epris d’une envie de liberté et un rejet des contraintes, ils ont été les témoins de crises financières, de l’idéologie du « travail avant tout » et de la montée des risques psycho-sociaux. Pour eux, « travailler plus pour gagner plus » est une aberration totale. Si le travail ne définit plus leur identité, il entraîne néanmoins un questionnement existentiel récurrent sur sa capacité à trouver l’épanouissement.
Trentenaire : bienvenue dans un monde qui a la bougeotte
Oui, trouver sa voie professionnelle peut prendre du temps. Avec des entreprises plus ouvertes à des parcours en zigzag, les jeunes font face à un champ de possibles inédits avec des métiers qui disparaissent et d‘autres qui n’existent pas encore. Face à ce nouveau paradigme, à quoi bon vous rabattre les oreilles avec les exemples de vos parents qui étaient mariés à 23 ans, salariés en CDI à 25 ans et propriétaires de leur maison à 30 ans ?
Car il est impossible de nier certains bouleversements sociétaux :
- Ainsi, le rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) estime que l’âge moyen du premier emploi est passé de 20 ans en 1975 à 27 ans aujourd’hui. Aujourd’hui, 17% des jeunes âgés de 16 à 30 ans ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation.
- Les donnés de l'Insee l Insee reflètent aussi un désir des femmes de reculer le désir de maternité. En France, l’âge moyen de l’accouchement est de 30,9 ans contre 28,8 ans en 1994.
- En France, les enfants quittent le domicile familial à 23,6 ans selon les données fournies par Eurostat. Pas de quoi s’inquiéter quand on sait que les jeunes croates et portugais font leur Tanguy et partent de chez papa et maman vers 35 ans !
- Selon France Compétences, plus d’1/3 des actifs déclarent avoir réalisé au moins une reconversion au cours de leur parcours professionnel. Une tendance très forte chez 25-34 ans qui sont 35% à avoir entrepris une reconversion.
Ne pas savoir quel métier faire à 30 ans : halte à la culpabilité
Maintenant que vous avez compris que vous n’êtes pas forcément seul à patauger dans la semoule, sachez qu’il y a aussi des bénéfices à retarder certaines échéances et trouver votre voie professionnelle à 30 ans.
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Vous avez gagné en maturité et pris du recul
Avec la décennie qui vient de passer, vous avez appris à vous connaître, vous savez ce que vous voulez et ce que vous ne voulez pas. Vous en avez profité, vous avez expérimenté, vous avez subi des échecs. Bref, vous avez eu des expériences de vie qui vous ont permis de grandir.
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Vous ne savez pas quel métier faire mais votre besace n’est pas totalement vide
Vous avez obtenu des diplômes, effectué des stages, des petits jobs ou du bénévolat, peut-être même eu un enfant. Ces expériences vont vous permettre d’identifier des compétences transférables qui font tant envie aux entreprises (travailler en équipe, gérer son temps, le sens de l’écoute, la patience etc).
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Vous avez le temps
Pour l’instant, l’âge du départ à la retraite est fixé à 62 ans. Quant à l’espérance de vie qui monte, qui monte, qui monte, elle est de 85,4 ans pour les femmes et de 79,3 ans pour ces messieurs dixit l’Insee. Alors démarrer une carrière à 30 ans n’est pas si catastrophique : vous avez encore quelques décennies devant vous pour bâtir une belle carrière professionnelle.
Comment trouver sa voie professionnelle à 30 ans ?
Vous voilà débarrassé de votre sentiment de culpabilité face à votre incertitude professionnelle. Sachez qu’il existe plusieurs moyens pour savoir quel métier faire à 30 ans.
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Apprenez à mieux vous connaître
Vous pourriez avoir de belles surprises et cerner vos envies en faisant des tests de personnalités comme le MBTI (Myers Briggs Type Indicator), le PAPI (Personality and Preference Inventory), le Big 5 ou encore le CliftonStrengths.
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Souvenez-vous de vos rêves d’enfant
Notez dans un cahier tout ce qui vous faisait rêver sans vous censurer. C’est le moment de faire remonter tous ces fantasmes où vous étiez pompier, maîtresse d’école, conducteur de tracteur ou gardien de phare.
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Faites un bilan
Vous avez eu des expériences, des hobbies alors profitez-en pour dresser la liste de vos intérêts, vos forces, vos faiblesses, vos priorités, vos valeurs. N’oubliez pas aussi d’y ajouter tout ce qui est pour vous potentiellement rédhibitoire.
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Demandez un CEP (Conseil en Evolution Professionnelle)
Le CEP (conseil en évolution professionnelle) est une prestation d’accompagnement gratuite et personnalisée vous aidera à faire le point et à élaborer votre évolution professionnelle.
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Réalisez un bilan de compétences
Le dispositif du bilan de compétences permet d’analyser vos compétences professionnelles et personnelles. Relativement onéreux (entre 1500 et 3000 euros), il peut être financé par votre CPF, votre entreprise ou Pôle Emploi.
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Prenez des risques
Si les dix dernières années vous ont montré que vous ne viviez pas la vie qui vous correspondait, c’est peut-être le moment de sortir de votre zone de confort pour tenter de nouvelles expériences. Qui sait ?
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Renseignez-vous sur le métier ou le secteur qui vous intéresse
Pour confronter la réalité à vos envies, il faut évidemment garder les pieds sur terre et avoir une vision réaliste de ce que pourrait être votre future vie professionnelle en lisant les blogs, la presse spécialisée ou en surfant sur les réseaux professionnels.
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Soyez prêt à démarrer en bas de l’échelle
Mais au vu du nombre de salariés en reconversion professionnelle, vous ne serez sans doute pas le seul à avoir un boss qui vous demande de faire des photocopies.
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Retournez à l’école
Si tous ce nouveau parcours exige un nouveau diplôme, renseignez-vous sur les nombreux dispositifs de formations qui vous permettront d’y accéder.
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Rendez vous dans des salons professionnels
Pour remédier à ce manque de connaissances dont beaucoup de jeunes actifs se plaignent, se déplacer dans des salons de l’emploi pour rencontrer des professionnels du secteur est enrichissant et permet d’avoir une meilleure vision de la réalité.
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Sollicitez votre réseau professionnel
Il est aussi crucial de manifester vos envies en partageant vos interrogations auprès de personnes que vous avez pu croiser durant vos diverses expériences et qui ont une vraie vie sur le terrain. Bref, faites chauffer votre réseau pro. Un métier, ce sont les personnes qui l’exercent qui en parlent le mieux.
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