Salaires en Italie : secteurs lucratifs, régions prospères et métiers bien rémunérés

Par Carla Cino

Connaître le salaire moyen en Italie peut se révéler utile pour déterminer dans quels secteurs se lancer pour trouver un emploi d'avenir ou pour développer sa propre entreprise. Dans cet article, nous examinerons le contexte actuel du marché du travail en Italie, les secteurs, et les professions les plus rémunérateurs, ainsi que le classement des salaires italiens par région et par ville.

SOMMAIRE

  1. La question du salaire minimum en Italie
  2. Le salaire moyen en Italie
  3. Où fait-il bon travailler en Italie ?
  4. Les régions et villes italiennes aux salaires moyens les plus élevés
  5. Secteurs d’activité : les plus hauts salaires en Italie
  6. Les métiers qui paient le plus en Italie

 

1. La question du salaire minimum en Italie

Une forme de salaire minimum existe dans tous les États membres de l'UE : dans 21 pays, des salaires minimums légaux sont en vigueur, tandis que dans 6 États membres (Danemark, Italie, Chypre, Autriche, Finlande et Suède), la protection du salaire minimum est assurée exclusivement par des conventions collectives. En effet, aucune loi nationale ou régionale sur le salaire minimum n'est actuellement en vigueur en Italie.

En revanche, s’il n'existe pas de niveau minimum de rémunération fixé par la loi, dans le système juridique italien, l'article 36 de la Constitution reconnaît le droit des travailleurs à un salaire proportionnel à la quantité et à la qualité de leur travail et, le cas échéant, suffisant pour leur assurer, ainsi qu'à leur famille, une existence digne.

Pour rappel, si en France le Smic est de 1 766,92 euros par mois (ou 11,65 euros de l'heure) en 2024, l’autre proche voisin de l'Italie, la Suisse, n'a pas non plus de salaire minimum national ; les salaires y sont réglementés différemment selon le canton de résidence et d'emploi, comme vous pouvez le lire dans cet article sur les salaires suisses.

· Qui décide des salaires minimums en Italie ?

Ce sont bien les conventions collectives, ou CCNL. Depuis 2024, chaque secteur est appelé à mettre à jour sa convention collective et à fixer un salaire horaire minimum en dessous duquel il ne peut tomber.

Le 25 mars 2024, la première convention collective du secteur multi manufacturier a été approuvée. Elle fixe le salaire minimum à 9 euros bruts de l'heure pour certaines catégories. Il s'agit donc du premier cas de « salaire horaire minimum » en Italie, ratifié par un accord entre les syndicats, les représentants des travailleurs et les associations d'employeurs.

Selon les données fournies par l'INPS (Istituto nazionale della previdenza sociale), regroupement de la Sécurité Sociale, Chômage et Retraite en Italie, voici quelques conventions collectives avec leurs salaires seuils :

Secteurs d’activité

Salaires horaires minimum (Euros)

Chimie pharmaceutique

11,34 €

Logistique et transport

11,20 €

Métallurgie

11,18 €

Alimentation

11,11 €

Industrie des services

11,01 €

Textile

10,39 €

Restauration

9,92 €

Tourisme

9,67 €

A noter : D'autres secteurs pourraient suivre très prochainement, établissant ainsi le salaire minimum des actifs italiens et fixant des règles qui pallieraient l'absence de législation nationale sur le salaire minimum.

2. Le salaire moyen en Italie

Avec l'une des impositions les plus élevées d'Europe (46,5 % en moyenne) ayant un impact sur le salaire net, le revenu annuel brut (RAL - Retribuzione annua lorda) moyen en Italie peut varier considérablement. Et ce non seulement en fonction du secteur d'activité, de l'expérience et de la convention collective, mais aussi en fonction de la région et de la ville où l'on travaille.

Selon les données de l'Institut national des statistiques italien (ISTAT), le salaire annuel brut moyen par employé en Italie est d'environ 27 000 euros, ce qui correspond à un salaire mensuel d'environ 1 600 euros.

L'Italie se positionne au niveau des grandes économies européennes en termes d'évolution des salaires par rapport à l'inflation, bien que les salaires moyens restent inférieurs à ceux de pays comme l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni.

Le rapport annuel 2023 de l'ISTAT révèle aussi que les travailleurs italiens gagnent environ 3 700 euros de moins que la moyenne de leurs confrères européens et jusqu’à 8 000 euros de moins que la moyenne de leurs homologues allemands.

Dans le secteur privé, selon l'enquête de l'Observatoire JobPricing, les employés de bureau ont un revenu annuel brut moyen de 32 174 euros et les ouvriers de 25 522 euros.

Environ 1,6 million d'Italiens ont un revenu annuel brut supérieur à 60 000 euros ; presque 23 millions d'Italiens ne dépassent pas le seuil des 20 000 euros.

3. Où fait-il bon travailler en Italie ?

Les différences salariales entre le Nord et le Sud de l'Italie sont un sujet complexe qui reflète non seulement les différences économiques régionales, mais aussi les disparités structurelles et historiques qui persistent dans la péninsule.

Résultat, les salaires dans le Nord de l'Italie sont généralement plus élevés que dans le Mezzogiorno. Le revenu annuel brut moyen au début de 2021 se divisait ainsi :

  • Nord : 30 800 euros
  • Centre : 29 300 euros
  • Sud et les Îles : 26 300 euros.

Cette différence peut s'expliquer par plusieurs facteurs, notamment la concentration d'entreprises et d'industries à forte valeur ajoutée dans le Nord, ainsi que les niveaux d'éducation et de qualification professionnelle qui sont souvent plus élevés dans cette région. En effet, les grandes entreprises sont plus nombreuses dans le Nord et ont donc besoin de profils plus qualifiés.

Par exemple, les dirigeants au Sud peuvent gagner jusqu'à 11,5 % de moins que la moyenne nationale, tandis que les travailleurs du Nord-Ouest peuvent avoir un salaire supérieur de 5 % à la moyenne. Les travailleurs du Nord bénéficient généralement d'un accès plus large à des emplois mieux rémunérés et à un marché du travail plus dynamique, tandis que ceux du Sud font face à des défis persistants liés au chômage et à une économie moins diversifiée.

Dans le même temps, le coût de la vie est moins élevé dans le Sud et il faut rappeler que le taux de travail non déclaré est plus élevé dans le Sud : cela diminue évidemment le niveau des salaires réguliers enregistrés.

4. Les régions et villes italiennes aux salaires moyens les plus élevés

L'une après l’autre, les études mettent en lumière les nuances salariales italiennes entre différentes régions, ainsi qu’entre zones urbaines et rurales.

· Les régions italiennes où l'on gagne le plus

Selon l’Observatoire JobPricing, les 10 régions où les actifs italiens ont les salaires les plus élevés sont presque entièrement dominées par les régions septentrionales (chiffres Index 2023). En tête, retrouve donc :

  • Lombardie (Lombardia) : 33 452 euros bruts par an
  • Latium(Lazio) : 32 360 euros bruts par an
  • Ligurie (Liguria) : 32 156 euros bruts par an
  • Trentin-Haut-Adige(Trentino Alto Adige) : 31 706 euros bruts par an
  • Piémont (Piemonte) : 31 448 euros bruts par an
  • Émilie-Romagne (Emilia Romagna) : 31 441 euros bruts par an
  • Val d'Aoste (Valle d’Aosta) : 31 128 euros bruts par an
  • Friuli Venezia Giulia : 30 872 euros bruts pas an
  • Vénétie (Veneto) : 30 848 euros bruts par an
  • Toscane (Toscana) : 29 884 euros bruts par an

· Le classement des villes aux plus haut salaires moyens en Italie

En 2021, le salaire brut annuel moyen des travailleurs du secteur privé dans la ville de Milan s'élevait à 31 202 euros, tandis qu'à Palerme, celui-ci était de 16 349 euros, ce qui représentait un écart de 90 %.

Les inégalités salariales entre les régions sont évidentes, avec la province calabraise de Vibo Valentia enregistrant un salaire brut annuel moyen de seulement 11 823 euros, tandis qu'à Milan, toujours, le salaire moyen dépassait de 164 % celui de Vibo Valentia.

Le classement des 20 villes italiennes avec les salaires moyens les plus élevés dans le secteur privé en 2021 :

Ville

Salaire moyen (Euros)

Milan

30 464,86 €

Bolzano

18 942,08 €

Bologne

18 628,65 €

Parme

18 175,33 €

Rome

17 774,30 €

Reggio Emilia

16 912,12 €

Florence

16 686,53 €

Modène

16 572,83 €

Vicence

16 451,67 €

Gênes

16 031,29 €

Pordenone

15 887,39 €

Vérone

15 749,16 €

Trieste

15 672,95 €

Turin

15 424,47 €

Trento

15 086,36 €

Cuneo

14 340,13 €

Cagliari

14 244,03 €

Forlì-Cesena

14 002,18 €

Padoue

13 924,12 €

Udine

13 888,68 €

Source : Observatoire des salariés du secteur privé de l'INPS

Comprendre les chiffres : Ces données incluent les salaires bruts, les salaires en espèces, les salaires en nature, les cotisations sociales payées par les employeurs, les cotisations sociales effectives payées par les employeurs, et les cotisations sociales fictives payées par les employeurs. Cette classification s'applique à la fois aux employés du secteur privé et aux fonctionnaires.

5. Secteurs d’activité : les plus hauts salaires en Italie

La rémunération en Italie varie considérablement en fonction de plusieurs facteurs, notamment la région géographique, le secteur d'activité et la taille de l'entreprise. Dans le secteur public, les salaires moyens annuels bruts (RAL) varient de manière significative, allant de 28 440 euros dans le domaine de l'éducation à plus de 137 000 euros pour les magistrats.

En revanche, dans le secteur privé, les services financiers se distinguent avec les rémunérations les plus élevées, atteignant jusqu'à 45 295 euros pour un poste junior, tandis que l'agriculture affiche les salaires les plus bas, autour de 24 619 euros.

Parmi les secteurs les mieux rémunérés, offrant des RAL et des RGA* au-dessus de la moyenne nationale, on distingue donc :

La finance affiche des salaires généralement plus élevés que la moyenne nationale. Les salariés de ce secteur bénéficiant souvent de primes substantielles, reflétant la nature compétitive et spécialisée de l'industrie financière.

En revanche, les secteurs des services, du commerce et de la construction se situent en dessous de cette moyenne. En effet, les salaires dans les services tendent à être inférieurs à la moyenne, en raison peut-être de la prédominance des emplois peu qualifiés ou de l'absence de valorisation des compétences spécifiques.

*La rémunération globale annuelle (RGA) prend en compte la RAL plus le montant total de la rémunération variable, comme les primes d'entreprise liées à la productivité et à la réalisation des objectifs.

6. Les métiers qui paient le plus en Italie

Si le secteur public a longtemps été perçu comme offrant une sécurité de l'emploi et des rémunérations stables, la réalité actuelle est plus nuancée. En moyenne, un employé du secteur public gagne environ 34 500 euros bruts par an. Cependant, cette moyenne cache des écarts significatifs selon les domaines d'activité : les salariés du secteur de la santé publique, par exemple, peinent à dépasser les 26 000 euros, tandis que les enseignants peuvent toucher 30 000 euros annuels.

Même problématique, dans le secteur privé, où les salaires italiens sont marqués par le domaine d'activité. Les employés du secteur bancaire et financier peuvent toucher jusqu'à 130 000 euros annuels, tandis que pour les salariés de l'industrie manufacturière, la moyenne se situe plutôt autour de 30 500 euros par an.

Aperçu des métiers où les salaires sont les plus élevés en Italie :

Métier

Salaire annuel brut moyen (Euros)

Fourchette haute (Euros)

Notaire

60 000 €

200 000 € (selon la spécialité)

Architecture manager

168 000 €

-

Data analyst

150 000 €

-

Médecin spécialiste

70 000 €

110 000 € (selon la spécialité médicale)

Directeur marketing

93 000 €

-

Designer UX

89 000 €

-

Responsable marketing Web

57 000 €

-

Conseiller financier

30 000 €

130 000 € (selon les primes et performances)

Pharmacien

26 000 €

60 000 € (pour les propriétaires)

Pilote de ligne

70 000 €

80 000 € (selon la compagnie aérienne)

Architecte/Ingénieur

38 000 €

80 000 € (selon le secteur)

Responsable informatique

50 000 €

100 000 €

Responsable E-commerce

30 000 €

100 000 €

Avocat

37 000 €

60 000 € (selon la spécialité)

Expert-comptable/Conseiller

33 000 €

100 000 € (selon le niveau de certification)

Source : Rapport ISTAT

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